Happycratie

Par
Eva Illouz
Maison d'Édition:
Editions premier parallèle

COMITE DE LECTURE COMPRENDRE NOTRE EPOQUE :

Cet ouvrage montre très clairement comment la psychologie positive, née aux États-Unis il y a quelques années, n’est fondée sur aucune base scientifique, tout en l’affirmant. Cette psychologie positive défend une vision du bonheur individualiste qui tend à déliter le lien social et le sens du collectif. Chacun est sommé implicitement de faire son propre bonheur. Beaucoup d’approches actuelles de développement personnel (la méditation, les trois kifs du jour, le courant de promotion de l’optimisme, etc.) découlent de ce courant de la pensée positive, constituées, à la base, d’injonctions à être heureux. Les auteurs démontrent qu’à l’extrême, sur des personnes fragiles, cela peut même accroître un état dépressif. Ils concluent en nous interpelant sur la question de savoir si c’est cette société que nous souhaitons.

Résumé :

Le bonheur se construirait, s’enseignerait et s’apprendrait : telle est l’idée à laquelle la psychologie positive prétend conférer une légitimité scientifique. Il suffirait d’écouter les experts et d’appliquer leurs techniques pour devenir heureux. L’industrie du bonheur, qui brasse des milliards d’euros, affirme ainsi pouvoir façonner les individus en créatures capables de faire obstruction aux sentiments négatifs, de tirer le meilleur parti d’elles-mêmes en maîtrisant leurs désirs improductifs et leurs pensées défaitistes.
Mais n’aurions-nous pas affaire ici à une autre ruse destinée à nous convaincre que la richesse et la pauvreté, le succès et l’échec, la santé et la maladie sont de notre seule responsabilité ? Et si ladite science du bonheur élargissait le champ de la consommation à notre intériorité, faisant des émotions des marchandises comme les autres ? Edgar Cabanas et Eva Illouz reconstituent ici avec brio les origines de cette nouvelle “science” et explorent les implications d’un des phénomènes les plus captivants et inquiétants de ce début de siècle.